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La vétérinaire du Sdis raconte ses aventures

Pourquoi avoir choisi d’écrire un livre maintenant ? J’avais accumulé pas mal d’histoires depuis quelques années. C’est vrai que dans ce métier là il nous arrive pas mal de choses ! Quand je racontais mes journées, beaucoup de monde me demandait quand est-ce que j’allais sortir un livre ! L’idée a fait son chemin jusqu’à un événement déclencheur : ma rencontre avec Sylvie Overnoy, qui est co-auteure du livre. Elle m’a permis de raconter de manière attractive ce que je vivais au quotidien, à développer le récit sous forme de thématiques : les défis, les diagnostics, les tristes événements, les bébés animaux… Comment j’en suis arrivée à opérer une éléphante de la cataracte ou à déménager un rhinocéros en utilisant une planche à roulettes !

La vétérinaire porte secours à des bovins victimes d'un accident de la route

Il y a certainement beaucoup d’anecdotes insolites. Y en a-t-il qui concernent le Sdis de l’Essonne ? Il y en a plusieurs oui ! Je raconte comment, une nuit d’octobre 2010, j’ai participé à la capture de deux lionnes qui se trouvaient sur le parking d’un centre commercial en Essonne. Je me suis aussi souvenu de la capture de 35 bisons dans la Meuse, une opération à laquelle a participé le Gos Animalier du Sdis. En mai 2000, nous avions aussi relevé un éléphant. Plus récemment, en avril 2011, nous avions capturé un chevreuil égaré à Sainte-Geneviève-des-Bois avant de le remettre en liberté.

Florence Ollivet-Courtois durant le sauvetage d'un chevreuil

Vous êtes fille de vétérinaire ; qu’est-ce qui vous a amenée à devenir l’unique vétérinaire en France à être spécialiste de la faune sauvage et indépendante ?
Quand j’étais enfant, mon père s’occupait d’animaux sauvages dressés pour le cinéma. J’étais tout le temps dans ses bottes, ça m’a marquée. Ma grand-mère était très naturaliste, elle connaissait beaucoup de choses sur la nature. Quand j’ai fait mes études de vétérinaire, je savais que je voulais me tourner vers la faune sauvage. C’est ce qui est dans la tête de 99% des étudiants en début de cycle ! Tout le monde veut devenir « Daktari » ! C’est un domaine d’excellence qui fait rêver. Après, les étudiants découvrent les autres spécialités, la chirurgie, l’alimentation, la pharmacologie… Et ils se détournent du rêve initial.

En plus de l’activité du Gos Animalier, votre activité vous amène à parcourir des milliers de kilomètres chaque année pour soigner des animaux et participer à des opérations de sauvegarde. Pourquoi ne pas travailler en parc zoologique ? J’ai travaillé huit années au zoo de Vincennes. Mon tempérament et le fait d’avoir vu mon père exercer en profession libérale m’ont ensuite conduite à devenir indépendante. Dans un zoo, le vétérinaire doit gérer les plannings, gérer les soigneurs, prendre en compte la hiérarchie, ça ne me plaisait pas tant que ça. En étant indépendante, je fais ce que j’aime : pratiquer la médecine et la chirurgie.

Florence Ollivet-Courtois explique les dangers d'une morsure de chameau

Avez-vous été confrontée à des animaux plus surprenants que d’autres ? Je dirais que les plus déconcertants sont les animaux les plus éloignés physiologiquement des mammifères : les reptiles, les amphibiens. C’est plus facile de comprendre les mammifères qui fonctionnent comme nous. L’animal le plus imposant que j’ai pris en charge a été l’éléphant. Le plus léger pesait 100 grammes. En parc zoologique, même si certains animaux sont atypiques, nous apprenons à les connaître et développons des références.

Depuis vos débuts, vous constatez une évolution du métier ? Oui, il y a une meilleure professionnalisation des vétérinaires. Il doit y avoir plus de 120 vétérinaires en parc zoologique et 50% d’entre eux sont salariés. Le bien-être de l’animal s’est énormément développé, c’est incontestable. L’approche s’effectue plus en douceur, c’est aussi le cas pour les soins. Avant, c’était quasi inexistant, sauf dans les delphinariums.

Y a-t-il aussi une évolution concernant le grand public ? Il y a toujours eu des personnes malveillantes et il y en aura toujours. Disons que les propriétaires d’animaux faisant appel à un vétérinaire partent déjà du bon pied. Les réglementations sur la détention d’espèces sauvages au domicile ont été renforcées et elles sont appliquées. Il existe un bel arsenal juridique. On ne peut détenir n’importe quoi dans n’importe quelles conditions.

Ce métier est très exigeant et demande un investissement de tous les instants. C’est très stimulant et très prenant effectivement. Pour pouvoir se réaliser dans ce métier, il est nécessaire d’avoir la structure familiale qui le permette. J’ai la chance de vivre avec Marc (ndlr : l’adjudant-chef Marc Courtois, chef du Gos Cynotechnique et membre du Gos Animalier). Je peux partir un dimanche pour une urgence sans que ça pose problème. Il n’y a pas longtemps, je le prévenais que je partais pour un malaise d’animaux sauvages durant un transport et lui était engagé sur une recherche de personne. Les problèmes surviennent rarement aux heures de bureau.

--> A partir du 16 mars, retrouvez « Un éléphant dans ma salle d’attente » (éditions Belin, 18€) dans les librairies.

Source
Sdis 91