Mission de formation en Guinée pour 2 lieutenants

« Travail, justice et solidarité », telle est la devise des sapeurs-pompiers guinéens.

Durant 2 semaines, deux officiers du Sdis 91, les lieutenants Ludovic Floquet (chef du centre d’incendie et de secours de Gif-sur-Yvette) et Christophe Dubois (chef du centre d’incendie et de secours de Juvisy-sur-Orge) ont eu l’opportunité de vivre une aventure humaine et professionnelle riche et intense au sein de l’École Nationale de la police et de la sécurité civile (l'ENPPC) à Conakry en Guinée en tant que formateurs. Une première pour le Sdis de l’Essonne !

Ils ont été accueillis sur place par le lieutenant-colonel Philippe Risser, conseiller technique auprès du directeur de la protection civile (la protection civile guinéenne est la dénomination locale pour les sapeurs-pompiers), possédant une grande expérience sur la coopération de la France à l’étranger.

24 stagiaires sapeurs-pompiers guinéens (du grade d’adjudant à commandant, futurs chefs d’agrès incendie) totalement investis, ont suivi la formation GOC niveau 2 (gestion de commandement opérationnel). Un programme complet abordant différents thèmes : analyses des risques, SMES (Situation Mission Exécution Sécurité : la posture du chef d’agrès), MGO (Marche Générale des Opérations), messageries, etc.

Les formateurs se sont adaptés aux moyens en place.
Comparativement à la France, ils ont pu constater :

• l’absence de système d’alerte (il n’y a pas de 18 car généralement, en cas d’urgence, la population appelle directement au centre de secours ou bien quelqu’un arrive en courant !),

• le  peu d’engins disponibles provient de dons d’autres pays (voir en photos, le camion japonais ou les tenues de feu françaises). Par ailleurs, la protection civile a un projet d’investissement conséquent en fin d'année 2023 pour l'acquisition de matériels et de véhicules,

• l’absence d’Appareil Respiratoire Isolant (ARI) pour les interventions sur incendie (bien souvent un mouchoir humide pour se couvrir le nez). Des achats sont à l’étude pour la fin de l’année 2023 (1000 appareils respiratoires isolants et la formation adéquate nécessaire à leur utilisation),

• l’inexistence de Défense Extérieure Contre les Incendies (DECI), telles que les bornes et poteaux incendie en France,

• la formation est en plein développement concernant le secours à victime (SUAP), l’incendie, la désincarcération et le sauvetage déblaiement, et est dispensée par des formateurs de l'ENPPC et grâce à la coopération de divers Sdis, ainsi que de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

Malgré le manque de moyens mis à leur disposition (un pick-up en guise de fourgon pompe tonne et un fourgon pompe tonne, au détriment de la couverture opérationnelle du centre de secours) ils ont tous fait preuve d’une grande motivation, de discipline et d’une solidarité exemplaire. Ils ont montré une grande curiosité tout au long de la formation, aussi bien dans les situations théoriques comme dans la mise en pratique de cas concrets. Si bien qu’ils demandaient chaque soir des exercices supplémentaires pour s’entraîner (analyse des risques, messages d’ambiance, messages compte-rendu et point de situation, etc.). Les stagiaires avaient pour habitude de se déplacer en courant et groupés, tout en chantant entre les sites de manœuvre.

L'ENPCC a appuyé le binôme de formateur au quotidien et donné accès à tous les locaux de l’école partagés avec la police. Ils ont ainsi été en mesure de simuler des manœuvres dans différents lieux : salle de spectacle, cuisine, pavillons, immeuble des dortoirs, appartements et même un commissariat.

Le directeur adjoint opérationnel de la Protection civile guinéenne, le directeur technique et de la formation ont vu d’un très bon œil cette période de stage et ont salué la capacité d’adaptation des lieutenants Christophe Dubois et Ludovic Floquet. Les agents de la protection civile guinéenne ont beaucoup progressé et ont appliqué avec rigueur et méthodologie les méthodes transmises. Ils seront ainsi des vecteurs d'informations dans leurs centres de secours respectifs.

Côté formateurs, les journées étaient denses : cours théoriques, entrecroisés de manœuvres sur site (35 au total) et ce, sous une chaleur écrasante (35 degrés à l’ombre).
Les conditions de transport pour les formateurs du Sdis étaient assez contraignantes (plus de 3h de route par jour depuis la concession militaire pour rejoindre le centre de formation) sans que cela ne nuise au séjour qui a été riche d’enseignements.

Les stagiaires, les cuisinières, l’ensemble des personnels qui ont gravité autour de cette formation ont apporté, toujours dans la bonne humeur, une grande leçon d’humilité, de volonté et de dévouement au binôme français.

Les valeurs humaines, la motivation et la curiosité des sapeurs-pompiers guinéens ont beaucoup impressionné les formateurs qui se disent prêts à renouveler cette expérience.

Un bel exemple de coopération internationale et d’entraide entre sapeurs-pompiers !

Félicitations au major de promotion du stage GOC 2 Guinée, l’adjudant-chef Sokho Damey du centre de secours Kaloum et merci au formateur local, l'adjudant Antoine Malano, présent chaque jour avec un engagement exemplaire.