Vendredi 5 août, un béluga s’est égaré dans la Seine au niveau de l’écluse Notre-Dame-de-la-Garenne. Malgré l’opération de sauvetage des services de l’état, des associations et surtout des sapeurs-pompiers, le cétacé qui souffrait a dû être euthanasié pendant son transfert vers Ouistreham. A la demande du préfet, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises, la colonelle Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire-cheffe au service de santé et de secours médical (SSSM) du Sdis 91 est engagée avec le lieutenant Marc Courtois. Ils rejoignent, dès le 8 août au soir, les sapeurs-pompiers du Sdis de l’Eure, engagés avec de nombreux autres acteurs, tels que la Gendarmerie de l'Eure, l’Office français de la biodiversité, Sea Shepherd France, le groupe de recherche APEX Cetacea et Voies navigables de France.
Elle témoigne :
« Lundi 8 août, je suis officiellement engagée en tant que sapeur-pompier pour participer à l’opération de sauvetage. Pour appréhender la situation, nous nous sommes basés sur le retour d’expérience que nous avions réalisé au mois de juin, lorsqu’un orque s’était, lui aussi, perdu dans la Seine.
Les premiers constats réalisés montrent que l’animal est difficilement relâchable, et ce, pour plusieurs raisons : il se trouvait dans un état cachectique (décharné), il ne mangeait pas et n’avait aucun congénère à rejoindre, alors que le béluga est un animal profondément sociable. De plus, il est très risqué de réintroduire un animal affaibli puisque cela risque de perturber le cycle de sélection naturelle. Cependant, hormis son état de maigreur, l’animal ne présentait pas d’état agonisant. Notre mission, en tant que sapeur-pompier, était donc de tout mettre en œuvre pour le sauver puisque telle était la position de la prefecture.
Nous avons décidé de le transférer dans une écluse située à Ouistreham afin de le garder en observation. Cette écluse a été choisie puisqu’elle offre un accès direct à la mer. La possible remise en liberté du béluga se verrait donc faciliter. Près de 70 sapeurs-pompiers des Sdis 91, 76 et 27 étaient mobilisés. Au bout de quelques heures, et avec l’appui des sapeurs-pompiers plongeurs pour guider le filet disposé dans l’écluse, nous avons réussi à capturer l’animal et à le transporter jusqu’à un camion frigorifique, la température caniculaire étant une difficulté supplémentaire. Là encore, ses analyses n’ont pas permis de formaliser un diagnostic expliquant son état de maigreur avec un comportement plutôt actif. Rien ne contrindiquait donc son transport. Un cétacé de ce gabarit ne peut pas être transporté dans un bassin car il aurait la puissance de se débattre. L’animal a été transporté dans un dispositif conforme aux recommandations IATA composé d’un filet en suspension et de matelas sur lequel reposait l’animal : ce double système de compensation à l’immersion permettait de répartir les charges et empêchait le poids de la gravité de peser sur ses poumons. Pour l’accompagner, 2 vétérinaires et 3 soigneurs se trouvaient à ses cotés et le vétérinaire Colonelle suivait en convoi escorté par la gendarmerie pour diminuer le temps de transport.
Malheureusement l’animal a décompensé pendant le transport et manifesté des difficultés respiratoires. Après consultation de plusieurs avis, la décision collégiale de l’euthanasier a été prise afin de mettre fin à ses souffrances. Cette décision était donc mûrement réfléchie, prise en collaboration avec les services de l’état et étayée par des personnes expertes dans ce domaine.
Malgré cette issue, je dois dire que cette situation témoigne véritablement du sérieux et de la rigueur qui animent les sapeurs-pompiers. Nous avons aussi pu constater une excellente collaboration entre les services de l’état et avec les intervenants non institutionnels : tous les moyens ont été mis en œuvre pour sauver cet animal. »
Crédits photos : Sdis 27